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Sophie Sesmat,
spécialiste en arts
et traditions populaires
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Boite de nonne

Art religieux
« La boite de nonne est une caissette vitrée qui contient une scène miniaturisée représentant une religieuse dans sa cellule. Les premières apparaissent au moment de la Réforme des carmels et de la création des Visitation-Sainte-Marie (XVIIème siècle) elles disparaissent au XXème siècle. 
Dans ce petit espace clos, sont disposés un lit ou une paillasse, un prie-Dieu, une table avec un livre, un grand crucifix, quelques gravures au mur, une moniale en bois ou en porcelaine, en carton, en tissu, en cire, parfois il s'agit d'un simple découpage et même une photographie. Assise sur son lit, sur un tabouret ou parterre, la moniale médite, prie ou travaille : elle file la laine, coud, raccommode ou confectionne un reliquaire. Il arrive que plusieurs religieuses soient mises en scène pour commémorer un évènement du monastère. L’œuvre ainsi réalisée était alors offerte à une religieuse pour ses noces d’or, par exemple. 
 
D’autres scènes comme la prise d’habit ou la prière devant l’autel du Saint Sacrement sont moins fréquentes.
 
Ces boites furent fabriquées en France (Bourgogne, Val de Loire, vallée du Rhône, Provence), dans la partie catholique de la Suisse (lac de Constance) ainsi qu’au Sud de l’Allemagne (Souabes et Bavière). 
 
Les costumes des ordres et les images figurant aux murs de la cellule nous renseignent sur leur provenance : 
 
- les Visitandines : images de François de Sales et de Jeanne de Rabutin-Chantal 
- les Carmélites : image ou gravure de l’Ecce Homo, de Joseph, Thérèse d’Avila et Jean de la Croix
- les Clarisses, capucines et franciscaines : images de François d’Assise, Claire de Montepulciano et Antoine de Padoue
- les Bénédictines : images ou gravures de Benoit et Scolastique
- les Cisterciennes : représentations de Bernard de Clairvaux et Humbeline
- les Chartreuses : images ou gravures de Bruno et Roseline de Villeneuve
- les Sacramentines : représentation du Sacré-Cœur
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On connait une seule boite représentant la cellule d’un homme, un chartreux. Cette boite fort rare est conservée au Musée de Nancy.
 
Selon le même principe de miniaturisation et de travail de patience, des scènes furent recréées et installées dans des œufs de canne ou d’oie et même dans des coquilles de noix ou d’escargot. Les plus beaux modèles sont garnis de bustes de religieuses et de fleurs (Einsiedeln, Suisse). Ces souvenirs sont destinés aux familles des religieuses, comme l’attestent quelques notes manuscrites au dos des boites. Comme dans les maisons de poupée, la minutie est extrême. 
 
La contradiction de ces boites réside dans le fait qu’elles ouvrent aux regards étrangers une scène d’intimité rigoureusement secrète dans la clôture, le spectateur pouvant se sentir un peu voyeur. D’autre part, ces autoportraits peuvent étonner pour des spiritualités axées sur le total oubli de soi (il n’existe pas de miroir dans les couvents). Aucune source issue du milieu créateur ne documente cette pratique ambigüe. Certains observateurs y voient une démarche mystique proche de celle du « jardin clos », qui, en se limitant dans l’espace, permet d’atteindre la perfection et d’accéder au salut ; d’autres y décèlent un simple message pédagogique, éthique (« voilà comment il faut vivre ») ou mystique, par allusion à l’attente de Marie avant la visite de l’ange. »
Extrait de l’ouvrage « Dictionnaire des objets de dévotion dans l’Europe catholique », par Bernard Berthod et Elisabeth Hardouin-Fugier, Edition de l’Amateur, p.45-47
 
Voilà déjà un bon aperçu de ces petites ou grandes boîtes, réalisées majoritairement entre les XVIIIème et XIXème siècles.
Vous avez aussi compris que les petites mains qui fabriquaient ces belles boites étaient celles de religieuses cloîtrées. Ces boites sont aujourd’hui analysées comme étant le seul moyen pour ces femmes de décrire leur quotidien reclus à leurs familles, qu’elles ne verront plus jamais ou si peu une fois leurs vœux prononcés.
Vous noterez aussi qu’avec rien, elles faisaient beaucoup et que l’on peut s’émerveiller de leur ingéniosité et de leur sens de la récupération. Quelques brindilles deviennent une chaise, un morceau de bois ou de carton vernis et ce sont les meubles qui prennent forme, de la mie de pain, de la cire ou plus tard, des pièces manufacturées servent à fabriquer les têtes des poupées.
Les nonnes se représentent toujours dans leurs habits de religieuse et parmi les meubles et objets de leur quotidien cloîtré. Un lit ou plutôt une paillasse, une chaise, parfois une table et un prie-Dieu et quelques images pieuses et sentences punaisées au mur constituent l’ordinaire de leur vie monacale.
 
On peut aussi identifier l’ordre auquel appartient la religieuse par l’ordre et la nature des objets décorant les cellules, car il est très codifié. « Chez les Clarisses, on trouve dans chaque cellule un autel surmonté non pas d’une mais de trois images pieuses, c’est la règle » explique Thierry Pinette, responsable de l’association Trésor de Ferveur. Dans la cellule des visitandines, on trouve un lit à baldaquin, chez les clarisses, un lit bateau, chez les carmélites, une simple paillasse. Le mobilier de la pièce est aussi un moyen d’identifier l’ordre de la religieuse".
 
Quelques boites réservent cependant encore des mystères que seuls les bons connaisseurs peuvent mettre à jour !
 
Un grand nombre de photos provient de l'association Trésors de Ferveur.
Un grand merci pour ces clichés qui permettent de mieux connaitre ces ravissantes petites boites. 
 
LES BOITES EN PHOTO CI-APRES NE SONT PAS EN VENTE.
ELLES ILLUSTRENT UNIQUEMENT L'ARTICLE.
CEPENDANT, IL PEUT IL Y EN AVOIR DANS LA BOUTIQUE DU SITE EN CE MOMENT, DECOUVREZ-LES EN CLIQUANT ICI :
 

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