Evoquons tout d’abord les bouillottes de lit.
Elles sont faciles à trouver et elles sont légion dans les vide-greniers car ce sont les plus courantes.
Vous pourrez rencontrer différents modèles dont voici une liste non exhaustive.
Commençons par les bouillottes bouteilles, qui furent employées partout en France.
Leur forme est identique à celle des bouteilles et elles peuvent présenter une section cylindrique, triangulaire ou hexagonale, de petite ou grande capacité.
Elles sont généralement en grès (de couleur blanche, grise ou brune) mais se rencontrent aussi en porcelaine, en fer blanc, en aluminium, en zinc, en nickel, en cuivre, en laiton, en étain, …
Le dispositif de fermeture des bouillottes bouteilles plus récentes est le plus souvent mécanique, du type « bouteille à bière » et il est agrémenté d’un anneau permettant sa suspension en dehors des périodes d’usage.
Les modèles les plus anciens possèdent quant à eux un système d’occlusion avec un bouchon à vis (en étain parfois) ou un bouchon de liège.
Appartenant à cette catégorie, il y a la respectable bouillotte bouteille en cuivre.
Plus bourgeoise car plus coûteuse à la fabrication, elle affecte les mêmes caractéristiques que la bouteille en grès ; seul le système de fermeture, exclusivement à vis, diffère. Certaines se distinguent des autres plus particulièrement car ce sont des douilles d'obus transformées : elles appartiennent à la fois à l’Art Populaire et à la sous-catégorie des travaux dits « de tranchées », car elles furent réalisées par les soldats durant leurs heures de repos.
Dans cette catégorie, on peut ajouter les bouillottes tonnelets.
Comme leur nom l’indique, ces bouillottes ont la forme d’un petit tonneau et se pose à plat couché, fermé par un bouchon de liège. Le goulot est très souvent situé au milieu du corps. Nombres de ces bouillottes ont une section triangulaire ou légèrement ovalisée avec un fond plat. C'est un modèle rustique, très employé dans les campagnes.
Toujours dans cette catégorie, on rencontre les bouillottes ovales. Elles affectent la forme d’une bouteille peu épaisse, plate et ovale.
Elles sont principalement en cuivre jaune ou rouge, en aluminium, en plomb ou encore en étain.
Elles se remplissaient d’eau ou de sable, comme ses consoeurs. Elles se refermaient à l’aide d’un bouchon à vis en laiton dans la majorité des cas et elles possèdent, elles aussi, un anneau de suspension.
Des bouillottes en cuivre étamé existaient déjà dans les compartiments de première classe, dès 1855, et ce jusqu'en 1897. Préparées à la lampisterie, par le "Père bouillotte", à l'arrivée de chaque train, il retirait celles refroidies, et les remplaçait par de nouvelles, réchauffées dans une cuve d'eau bouillante.
Hors la maison, les moyens de transports individuels ou collectifs ont également utilisé des bouillottes. Certaines, de forme adaptée, souvent avec poignée et matériaux nobles, ont réchauffé les habitacles des premières voitures particulières. D'autres ont bien servi dans nos hôpitaux ou internats.
Dans cette grande famille, il y a aussi le très sobre et très répandu « bouillotte bidon » en aluminium filé ou en cuivre, appartenant aux régions industrielles. Sans charme particulier, ce simple contenant n’est pas franchement recherché. Il est parfois issu d’une chaufferette et n’en a jamais trouvé le chemin du retour !
Les plus jolies à mon sens sont celles qui portent le doux nom de bouillotte « crapauds » ou « tortues ».
Elles se caractérisent par un aspect plus rustique et méritent totalement leur appartenant à la grande famille des objets d’Art Populaire. Elles sont de différentes tailles et capacités. Elles furent réalisées en terre vernissée ou en grès, laissées brutes ou vernies, parfois enjolivées de coulures.
Elles se reconnaissent par leur fond plat qui permet de les poser de manière stable et par l’orifice placé latéralement sur le haut du corps ou sur le rebord de l’épaisseur du corps. Ce goulot, légèrement incliné, se bouchait avec bouchon de liège.
Juste en dessous de cette ouverture, il y a une petite anse qui permet de passer un seul doigt ou un bâton pour la saisir sans se brûler.
Ces bouillottes crapauds tirent leurs origines des régions du Sud, de Bretagne ou de l’Est.
Certains Alsaciens, quant à eux, se servaient des noyaux de cerises (réunis dans un sac de toile), qui une fois chauffés sur le coin du poêle, diffusaient une douce chaleur. C’est ce qu’on appelle une « bouillotte sèche ».
Toutes ces bouillottes furent largement employées pour réchauffer les literies.
Elles furent vite remisées lorsque celles en caoutchouc ont fait leur apparition parce qu’elles peuvent générer des brûlures, à cause de la conduction de la chaleur par le métal.
Il était donc impératif de les enrouler dans un linge ou dans du journal pour les isoler de la peau. Certaines possédaient même un habillage en laine ou en feutrine épaisse, « fait maison ».
Il existe un type de bouillotte très originale : la bouillotte dorsale ou ventrale dite "de cavalier".
Elles se présentent sous la forme d’un large et fin bidon, de forme concave, permettant d’épouser les formes du corps humain, ventre ou bas du dos.
Elle était fixée sur le corps par un système de passants situés aux extrémités, dans lesquels on glissait un élastique, un ruban ou un galon, qui était noué pour la maintenir serrée.
Elles furent utilisées par les cavaliers, les chasseurs, les cochets, les militaires, … bref tous ceux qui étaient exposés aux froids hivernaux à cause de leur métier ou de leurs occupations extérieures.
Il se dit qu’elles servaient aussi pour transporter de l’alcool de contrebande, mais cela reste à vérifier…
En ce qui concerne les bouillottes à main, elles se reconnaissent bien évidemment par leur petite taille.
Elles affectent la forme de petits livres, de petites bouteilles, de petites flasques (avec lesquelles il ne faut pas les confondre), en somme, de petits contenants, permettant d’être pris aux creux des mains.
Par leur petite taille, elles pouvaient être plus précieuses et réalisées dans des matériaux plus coûteux, comme le métal argenté ou le métal chromé.
Avec le temps, les avancées technologiques ont fait évoluer les moyens de chauffage. La fée électricité a assigné la bouillotte aux placards puis aux greniers.
Les matériaux qui la composaient ont pour certains mal vieillis : de nombreuses bouillottes sont ainsi devenues obsolètes par manque d’étanchéité.
Aujourd’hui, les plus anciennes sont recherchées pour la décoration autant que pour la collection, mais rarement pour leur usage initial.
Et comme souvent, voici le mot de la fin : un collectionneur de bouillottes est un RESERBULLIROPHILE
De très nombreuses informations de cet article (dont certains extraits) sont issues de ce site.
- http://www.leblogantiquites.com/2008/01/bouillottes-un.html
Que les auteurs en soient vivement remerciés !