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Sophie Sesmat,
spécialiste en arts
et traditions populaires
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Câle à diairi

Autour du costume et du linge
Montbéliarde portant sa cale
Le mot « diairi » signifie dans l’ancien patois « chignon ». Une « câle à diairi » est tout simplement un bonnet destiné à couvrir le chignon.
Le « diairi » est sans conteste une particularité « folklorique » du Pays de Montbéliard. Il est le symbole du protestantisme et des attaches wurtembergeoises de la population.
 
Une petite mise au point historique s’impose donc à ce stade.
Autrefois, le pays de Montbéliard était une enclave luthérienne au milieu de terres catholiques et une principauté allemande car elle était rattachée au duché de Wurtemberg. Ceci a bien sûr été un terrain fertile qui a permis à la région de développer son propre patrimoine traditionnel. Fière de ses racines, la région les a conservées intactes durant les trois siècles de la Réforme jusqu’à son rattachement à la France en 1793.
Ce patrimoine culturel riche était composé de traditions vestimentaires et de type de tissage, de mobilier et donc de techniques d'ébénisterie propres, ainsi que d’un langage parlé sur ce territoire. Ces traditions ont disparu avec la poussée de l'industrialisation, la désertification des campagnes et l'arrivée au pays de Montbéliard de populations nouvelles.
Dans tous ces changements ou évolutions, au choix, le vêtement traditionnel est resté : jusque dans les années 1930/1940, les femmes âgées portaient toujours leur câle à diairi.
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Mais au fait, comment est ce petit bonnet si particulier ? Il est en velours ou en satin noir, bleu, brun, crème ou rouge très foncé, brodé de perles minuscules, de cannetille et de chenillette, décoré de petits miroirs.
Cet ouvrage féminin est considéré comme un chef d'œuvre du patrimoine régional et à juste titre !
Une cale à diairi ancienne était brodée de perles très petites : entre 5 000 et 10 000 par coiffe !
Elles sont enjolivées de canetille or ou argent, qui est un fil métallique, entortillé en ressort, que l'on coupe à la dimension souhaitée et qui s'enfile comme une perle, mais aussi de petits miroirs ou clinquants et de chenillette qui sont d’épais fils de velours de soie, touffus ou poilus, au choix, très difficile à trouver actuellement . Les motifs brodés étaient imposés par la tradition : fleurs, grappes, épis de blé. Un détail est à noter : les deux côtés de la coiffe doivent être symétriques mais inversés.
Il faut souligner qu’une cale était entièrement réalisée à la main, bâti, coutures, broderies, …  Cela nécessitait au minimum 200 heures, juste pour la broderie.
 
Le costume traditionnel féminin du pays de Montbéliard est plutôt sobre: une longue jupe de chanvre de couleur sombre, un tablier étroit, une chemise en lin blanc sans col aux manches très larges et bouffantes, resserrées juste au-dessus du coude, un corset de toile ou de velours noir et, pour enjoliver cette tenue un peu terne, une cale à diairi? qui, comme vous l’avez noté, pouvait être colorée !
Ce petit calot se portait sur le haut de la tête et recouvrait le chignon. L'arrière du calot s'arrête à mi-tête. Il possède deux « oreillettes » débordantes, qui ne couvrent qu’à peine le haut de l'oreille. Il est agrémenté de quatre larges rubans de satin, de taffetas, de soie : deux partent des oreillettes et se nouent sous le menton, les deux autres sont placés à l'arrière du bonnet et forment un gros nœud, noué juste en dessous du cou, dans le dos.
Les femmes âgées ou les veuves portaient une coiffe noire, entièrement brodée de perles noires.
Les coiffes blanches ou crème, garnies de perles colorées, étaient confectionnées en piqué de coton et étaient réservées aux fiançailles et aux mariages. Selon la coutume, la décoration de la coiffe était un secret bien gardé entre la « câlière » et la fiancée et personne ne devait voir la coiffe avant le jour de la cérémonie.
Les coiffes étaient souvent un sujet de rivalité entre les jeunes filles et elles faisaient la fierté des familles. Vous l’aurez noté, la câle à diairi fut un élément distinctif de la richesse familiale.
 
Les jeunes filles avaient à cœur d'en posséder au moins une dans leur trousseau; elles la brodaient elles-mêmes ou se faisaient aider par des spécialistes: les fameuses « calières ». Toutes mettaient un point d'honneur à faire un travail inédit, sans copier le dessin d'une coiffe existante. 
Les coiffes authentiques, les plus anciennes datent du début du XIXème siècle. 
Sources :
-Pays Comtois n° 18 de mai-juin 98, un article de Dominique Bonnet.
-le site : http://fufu-et-ses-sacs.over-blog.com/article-19101589.html

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