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Sophie Sesmat,
spécialiste en arts
et traditions populaires
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Chauffe-bain

Objets du quotidien
Etonnant objet que voilà !
Le chauffe-bain est un grand contenant ou récipient en cuivre rouge ou en fer étamé, parfois lesté, haut, cylindrique, juché sur un pied évasé, avec un corps pansu surmontant ce pied.
Le corps du chauffe-bain est fermé hermétiquement par un couvercle emboitant. Il possède deux cheminées latérales coudées qui partent du bas du corps et sont également fermées par un couvercle. Les cheminées latérales servent à diffuser la chaleur et ont aussi vocation à amener de l’air frais à la base du brasier, favorisaient la combustion des braises.
Ceci implique que durant son utilisation, tous les couvercles étaient retirés. Repositionner les couvercles se résumait à éteindre le foyer.
Deux tiges horizontales qui partent des cheminées les relient au corps central et servent d’éléments de prise.
Le chauffe-bain, vu son nom, n’a de mystère pour personne ! Il sert à réchauffer un bain, avant que la chaudière n’existe. Pour s’en servir, il est nécessaire de le rempli de braises incandescentes et de le plonger dans l’eau. Attention, une précision importante : le chauffe-bain réchauffe l’eau ou la maintient chaude mais il ne peut pas la chauffer à lui tout seul.
 
Le chauffe-bain fut utilisé aux XVIIIème et XIXème siècle, avec un petit débord sur les débuts du XXème, le temps que la fée électricité fasse son apparition dans tous les foyers de France, soit dans les années 1920.
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Je vous propose maintenant un rapide survol de l’HISTOIRE DU BAIN, sujet des plus intéressant, car il faut bien garder à l’esprit qu’en 1978, un logement français sur quatre ne possédait pas de salle de bain !
 
Ceci dit, sachez que l'homme prend des bains depuis toujours !
Les historiens en trouvent la trace chez les Egyptiens, les Hébreux, les Assyriens, les Perses et les Chinois. Le bain est à la fois un rituel, un moment de bien être, une thérapie, un élément du culte, un acte d’hygiène.
Et contrairement à certaines idées reçues, le Moyen-Age fait une bonne place à l'hygiène.
L'hygiène redevient même un art de vivre : les hommes se lavaient pour être propre, mais aussi par plaisir. Se laver, se baigner, était donc une habitude dans les villes du Moyen-Age. Tous allaient alors « aux étuves », qui sont des bains publics mixtes et ils s'y baignaient nus. Si, pour l'essentiel de la population, il s'agissait avant tout de se nettoyer, certains y recherchaient également plaisir et volupté.
Les petites cuves (baignoires) pouvaient accueillir des couples et dans les grandes cuves plusieurs personnes. Des collations étaient servies. Des chambres à coucher, permettaient aux baigneurs « de se reposer ».
La baignoire privée existe aussi. Seules des grandes maisons en possèdent car c’est un luxe.
A la fin du XVème siècle, les bains publics ont mauvaise réputation et ferment peu à peu, l'épidémie de peste et l'apparition de la syphilis condamnent les plaisirs du bain.
A partir de la fin de la Renaissance, les bains disparaissent et la culture de la propreté par l’eau aussi.
 
Au XVIIème siècle, la toilette obéit à de tout autres repères que les nôtres. Pour preuve, cet extrait : « ... La toilette de Louis XIV, décrite par le Duc de Saint-Simon, met en évidence l'absence de l'eau. Le seul rituel de lavage qu'observe le Roi-Soleil consiste à se rincer les mains avec de l'esprit de vin. Elle cherche précisément à éviter l'eau, considérée comme nocive, mais elle fait, en revanche, une très large place aux produits odorants. »*
Plus question de chanter les louanges du bain : il faut se méfier de l'eau et n'en user que très modérément.
  
Par réaction, les médecins commencent à penser que le bain lui-même est malfaisant pour le corps, que les miasmes de la nature pénètrent d'autant plus facilement à l'intérieur du corps, que les pores sont dilatés sous l'effet de la chaleur, laissant un libre passage aux maladies. La toilette se résume à des gestes d'ablutions du visage et des mains.
A la place, l'homme va se parer. Les parfums, poudres et autres pommades, venus d'Italie sont à la mode. Plutôt que d'éliminer la saleté, il faut en camoufler l'odeur en usant d'artifices. La propreté est celle du linge, non celle du corps. A Versailles, les personnes de bonne fréquentation changent de toilette 5 fois par jour et se font couvrir de fard et d’onguents odorants.
Une nouveauté se développe alors : « la toilette sèche », qui permet de se nettoyer en se frottant avec des linges propres.
L'apparence prime sur la propreté réelle des corps.
Ça ne devait pas sentir bien bon à Versailles !
 
Ce repli progressif de l'hygiène corporelle perdurera jusqu'à la fin du XVIIème siècle.
Dans les années 1770, Paris compte environ 500 000 habitants et seulement neuf établissements de bains.
Ce n'est qu'à la fin du XIXème siècle, que l'hygiène commença réellement à reprendre ses droits mais l'ampleur de la tâche était conséquente : en 1850, un Français prenait en moyenne un bain tous les deux ans !
Il fut alors nécessaire de lutter contre de nombreux préjugés. Premièrement, dans une société majoritairement rurale, beaucoup pensaient que la saleté constituait une protection contre les maladies. Le bain était considéré comme une forme d'agression du corps, voire une menace pour la santé. De plus, une odeur forte pour les hommes était considérée comme un signe de puissance.
 
La notion de l’« hygiénisme » est diffusée par le corps médical, l'Armée et les différents mouvements syndicaux dès la fin du XIXème siècle, luttant en cela contre les anciennes croyances. Signe notable d’évolution des mœurs, dès 1883, l'école de Jules Ferry supprime la leçon de catéchisme pour la remplacer par la leçon d'hygiène.
La salle de bain fait son apparition dans de très nombreux foyers pour se démocratiser petit à petit.
 
L'amélioration progressive de l'hygiène a permis un allongement de l'espérance de vie.
Les nouvelles préoccupations sanitaires ont contribué au développement de l’eau courante, de l'évacuation des eaux usées, du traitement de l'eau potable et ont encouragé l'hygiène corporelle.
Beaux progrès tout de même !

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