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Sophie Sesmat,
spécialiste en arts
et traditions populaires
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Collier d'esclavage

Bijoux régionaux
Détail collier d'esclavage
Il est aussi connu sous l’appellation de « collier à plaques ».
C’est le plus important des colliers régionaux en or. Mais il est en concurrence tout de même avec certains colliers d’Yvetot ou à strass normands, brillants et massifs, ainsi qu'un petit nombre de rivières provençales ou encore quelques parures d’émaux bressans de belle ampleur. Ceux-ci sont souvent en argent.
 
Très apprécié au XVIIIème siècle, il est cité pour la première fois par Trévoux dans son dictionnaire de 1752. Il ne se répand que progressivement en milieu rural où il reste rare jusque vers 1840 : « les femmes ont pris, depuis quelques temps établi, la mode de porter des espèces de colliers pendant en forme de chaînes. Elles appellent cela un esclavage. … ».
Extrait de l’ouvrage « Bijoux et orfèvres en Haute-Normandie, au XIXème siècle, Brigitte Bouret, musées départementaux de Seine-Maritime, p.100, 1993.
« En 1927, l’abbé Chagny, historien régional le décrit comme un bijou passé de mode : « un collier formait la parure traditionnelle des femmes riches de Bresse. …Ce collier se composait généralement de plusieurs chainettes entremêlées, de deux ou trois larges plaques rondes ou ovales garnies d’émaux quelquefois même enrichies de pierres précieuses. C’était souvent un bijou formé de paillettes d’or disposées sur plusieurs rangs. » Extrait de Emaux bressans, parures charmantes, Agnès Bruno, la Taillanderie, p.105, 1992.
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Porter l’esclavage est un signe d’aisance, il symbolise, en Auvergne, le nombre de « mille donnés en dot », en fonction du nombre de chaines et de la richesse du bijou (tout comme en Normandie, pour le nombre de rose sculptée sur l’armoire de mariage)
Mais dès le milieu du XIXème siècle, le collier d’esclavage devient le plus beau cadeau qu’un futur époux puisse offrir à sa « bientôt-femme », au moment des accordailles, en milieu rural populaire.
L’homme disait ainsi qu’il « ferrait » sa femme, en allant chez le bijoutier, acheter les bijoux que sa femme portera toute sa vie (croix, chaines, boucles d’oreille, épingles, clavier ou châtelaine, bagues, …).
L’expression quelque peu désuète aujourd’hui exprime cependant bien les mœurs d’autrefois. Attention, ne soyons pas outrés d’emblée, cela ne suppose pas du tout la soumission totale de l’épouse à son mari.  C’est la notion de « lien » qui est mise en avant. Suivant les circonstances, il souligne l’attachement, affectif pour le mieux, un peu financier en cas de mariage arrangé, ou simplement « l’enchainement » que traduit cette la nouvelle interdépendance ou encore la possible complicité entre ces deux personnes qui forment ce nouveau couple.
Les « amoureux » offraient ce type de collier à Paris et dans certaines provinces, comme en Bresse, en Auvergne, dans le Poitou et surtout en Normandie, dans la Manche et le Calvados.
 
Voici un descriptif de ce type de bijou, très souvent en or et presque toujours poinçonné, ce qui permet une datation et une attribution à un bijoutier ou à défaut à une région facilités.
Le collier d’esclavage classique est composé de plaques décoratives et de chaines qui relient ces plaques entre-elles.
Généralement, vous trouverez 3 plaques décoratives reliées entre elles et un fermoir.
Pour la province, c’est d'abord en Normandie que cet élégant bijou fait son apparition. 
Le collier est alors de deux types différents avant le premier tiers du XIXème siècle : 
-soit il est constitué d’une chaine et d’un fermoir fantaisie 
-soit il est composé d’une plaque centrale retenue par plusieurs chaines
Dès 1830/1840, il évolue tel que nous le connaissons actuellement.
La plaque centrale est plus importante en taille que celles qui l'épaulent.
Elles sont très souvent décorées de motifs floraux avec des pensées. « Pense à moi » ou « à moi », « souvenir » peuvent être inscrits sous la fleurette centrale. Vous trouverez aussi des roses, des bleuets, …, des insectes, des autels d’amour, des colombes se becquetant, des paniers fleuris, des bouquets, des motifs géométriques, des émaux bressans. D'ailleur il est important de souligner que les normandes aimaient beaucoup les émaux bressans à fond vert. Parfois, des pierres précieuses, semi-précieuses ou sur paillon sont serties. En outre, il semblerait qu'en Normandie, sur de rares modèles il y ait eu des inserts de cornaline. Les historiens cherchent encore la preuve irréfutable..
Ces élégants motifs sont gravés, estampés, découpés en ajours ou encore émaillés de couleurs vives, avec un bleu assez typique.
Depuis le bas de certaines plaques, sont suspendus de petits pendentifs losangés, des gourdes, tout comme cela se trouve sur les saints esprits auvergnats ou vellaves.
 
Les plaques sont de formes rectangulaires ou ovales, parfois avec un entourage chantourné ou fleuri estampé, pour lui donner plus d’ampleur et de brillant. Gardez en mémoire qu'une grosse plaque, ça en jette plus et ça fera un excellent sujet de conversation au lavoir!
Aujourd’hui, on peut affirmer que les médaillons ou plaques décoratives les plus anciens sont des plaques rectangulaires, gravées de motifs floraux, mais aussi ovales à plusieurs entourages et bâtes perlées avec médaillons en émaux peints sur paillons d'or.
Paris et la Normandie utilisaient surtout les plaques ovales, les plaques rectangulaires sont plus rares et auvergnates. Elles sont parfois associées à des pendentifs du Saint-Esprit.
 
Chacune possède un certain nombre d’anneaux latéraux, desquels partent des chaines, souvent de mailles fantaisies différentes, et qui vont se fixer à l’anneau d’une autre plaque. Les chaines se croisent parfois, de manière symétrique de part et d’autre de la plaque centrale, pour réaliser un jeu d’entrelacement et de draperie.
Il y a généralement 3 chaines fixées symétriquement, de part et d’autre du médaillon central, rarement 4 ou 5, et je n’en ai jamais vu plus de 5. Les moins fortunées se firent offrir un esclavage à 2 chaines ou à une seule plaque.
Parmi les différents types de chaines rencontrées il y a des mailles jaseron, des mailles parisiennes, qui sont des sortes d'anneaux en huit repliés sur eux-mêmes, des successions de petits motifs émailles, sous forme de petites plaques aux formes fantaisistes, aux couleurs assorties au motif central principal. 
Et finalement, ces petites plaques émaillées qui constituent la chaine et prennent la forme de petites lentilles, des cœurs, des doubles losanges, des oves ajourés perlés, des trèfles aplatis, ou à motif de feuille de chêne, ou de formes polylobées furent très prisés des normandes et prirent le dessus sur la chaine classique de l’époque. Il y a d’ailleurs plusieurs types de chaines alternées sur un seul collier, dont l’une est souvent une maille jaseron.
Selon une tradition orale Normande, à chaque  naissance, la mère faisait ajouter une chaîne supplémentaire.
Les bijoutiers achetaient leurs chaînes au mètre chez des fournisseurs parisiens et ils donnaient le choix à leurs clientes, avant de les assembler, selon leur goût.
 
Les fermoirs sont simples et toujours assortis : à plaques ou à cliquets, de forme plate, ronde, tonneau à pans ou en barillet, très souvent émaillés pour être bien accordés avec l’ensemble.
Souvent, l’or des plaques est rose et celui des chaines jaune, pour un bel effet de contraste. Parfois, c’est la plaque centrale qui occulte élégamment le fermoir à cliquet.
 
Dans la large gamme des colliers proposés à la vente aujourd’hui, deux récurrences sont à noter tout de même : ce collier de bel effet visuel est léger comme une plume car les plaques sont embouties (donc pas pleines) et les chaines assez fines : de 7 à 30 grammes !
Le collier n’est pas très long : 30/ 38 cm pour être porté près de la base du cou.

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