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Sophie Sesmat,
spécialiste en arts
et traditions populaires
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Crécelle

Art religieux
Ensemble de crécelles à raclement
Nous voilà pendant la Semaine Sainte (article publié un jeudi Saint).
C’est donc le bon moment pour vous parler des crécelles !
 
La crécelle est un instrument de bois manuel dit « idiophone » : c’est le matériau lui-même qui produit le son par raclement, frottement ou percussion.
Malgré un son puissant, plutôt « bruyant » et parfois désagréable qu’il produit, la crécelle est pourtant bien considérée comme un instrument de musique.
Il existe deux types de crécelles.
Celles dont le son est obtenu par le tournoiement du l’objet sur lui-même. 
L’instrument est alors composé d’un manche en bois et d’un moulinet à mécanisme (parfois multiples) doté d’une roue sur laquelle sont sculptés ou fixés des dents ou des crans resserrés. Une lame (ou plusieurs) fixe et souple vient percuter les dents créant ainsi un claquement répété.
C’est donc la crécelle par raclement.
Le second type est constitué d’un manche en bois en haut duquel est fixée une petite plateforme rectangulaire. Au sommet du manche, il y a un petit marteau pivotant.
En agitant l’instrument, le marteau vient frapper la plateforme alternativement de part et d’autre du manche, de manière sonore.
C’est la crécelle à percussion.
 
Certaines crécelles possèdent une seconde poignée située au bout de la caisse contenant le mécanisme musical. L’instrument est donc utilisé à la manière d’un presse-purée : une poignée dans chaque main pour réaliser un mouvement rotatif.
Certains modèles sont contenus dans des boitiers en bois et sont suspendues au cou du joueur de crécelle. Ce type de modèle, par son utilisation, s'approche de certaines boites à musiques mécaniques. 
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Il existe de toutes petites crécelles et de très grands modèles : de 5 cm à près de 5 mètres. Vous aurez deviné que les plus grandes crécelles sont mécanisées…
 
La crécelle tient son nom de l’oiseau du même nom. Il pousse un cri sensiblement identique à celui de l’instrument de musique, éloigné du « cui-cui » classique, léger et printanier!
 
Jadis, l’usage de la crécelle était réduit à la Semaine Sainte, durant laquelle les cloches n’ont pas le droit de sonner, soit du jeudi au samedi midi.
Et ce sont les enfants, et traditionnellement les enfants de chœur, qui agitaient leurs crécelles pour annoncer l’Angélus et les offices.
 
Les crécelles furent très employées dans l’Est de la France et plus particulièrement en Lorraine, mais aussi en Puisaye et dans le Nivernais.
En Lorraine, la ferveur populaire permit un usage intensif, attendu, festif et tardif des crécelles.
Les « crécelleurs » déambulaient dans les rues des villages à l’aube puis à midi et enfin le soir, pour annoncer tous les offices religieux de la semaine Sainte.
Dans de nombreuses régions de France, après la fête de Pâques, les enfants de chœur font la « roulée » ou « routlées »: le lundi de Pâques, ils partent quêter des œufs (de vrais œufs, pas en chocolat) et des piécettes en guise de récompense; pour leurs services rendus. 
De nombreux autres corps de métiers recevaient un œuf teint et/ou décoré pour Pâques : métayers, instituteurs, facteurs, cordonniers, forgerons, … Mais la tradition des œufs de Pâques, c’est une autre histoire !
 
Connue dès le Moyen-Age, la crécelle servait aux lépreux et aux pestiférés pour avertir de leur approche et faire fuir les passants.
Par dérivation « païenne », cet instrument facile à faire et à utiliser est devenu un jouet très populaire pour les enfants.
La crécelle est connue dans toute l’Europe.
D’ailleur son usage a parfois été détourné de sa mission première : voyez ci-dessous une crécelle anglaise destinée aux supporters d’une équipe de foot !
 
Au Québec, les femmes de paysans s’en servaient pour appeler leur mari en plein travail dans les champs.  
Elle était aussi utilisée dans les monastères et durant les carnavals ou des charivaris, notamment en Suisse.
 
Elle fut aussi employée par les militaires alliés au moment du Débarquement, afin de prévenir les soldats de la présence de gaz de combat : on les appelle donc « crécelles d’alerte aux gaz ». Certaines de ces crécelles se retrouvent à la vente aujourd’hui : vous pouvez les identifier car nombreuses sont celles qui portent une date ainsi que les initiales du corps d’armée qui les a utilisées. En outre, elles ont, pour beaucoup, été renforcées de plaques métalliques sur le corps.
 
La crécelle est aussi utilisée lors de la fête juive de Pourim. 
Elles sont agitées durant l'office religieux par les enfants à chaque évocation de « Aman », personnage qui voulait en finir avec le peuple juif. 
Ce rituel est destiné à maintenir les bambins concentrés lors la lecture et à chaque fois que dans le texte revient le nom de « Aman », les enfants doivent crier, tambouriner et faire du bruit avec une crécelle pour rendre son nom inaudible.
 
Malheureusement, dans les traditions populaires françaises, l’usage de la crécelle s’est perdu.
Le seul emploi connu est sémantique avec la « voix de crécelle », qui explicite une voix aiguë et criarde.
La crécelle porte aussi le nom de « crécerelle », « brouan » et son ancienne orthographe est « cresselle ».
 
Je vous conseille deux sites sur les crécelles : 
http://jeanluc.matte.free.fr/articles/autres/crecelles/crecelmart.htm
http://damocles.forumactif.net/t669-un-peu-d-histoire-paques-et-les-crecelles
 
LES CRECELLES EN PHOTO CI-APRES NE SONT PAS EN VENTE.
ELLES ILLUSTRENT UNIQUEMENT L'ARTICLE.
CEPENDANT, IL PEUT IL Y EN AVOIR DANS LA BOUTIQUE DU SITE EN CE MOMENT, DECOUVREZ-LES EN CLIQUANT ICI :
 

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