« Les crochets de châtelaines à ciseaux, souvent appelés « crochets » ou « clavet » et encore « clavier » sans autre qualificatif, existent au XVIIIème siècle mais se répandent véritablement qu’au début du siècle suivant.
On les fabrique dans des métaux aussi divers que le fer, le laiton, le cuivre, mais surtout l’argent et très rarement l’or.
En Poitou et en Charente, la forme générale est celle d’une plaque ornementale, le corps, qui se replie pour former la patte du crochet, amincie et assez étroite (1cm dans la majorité des cas), puis se termine en pointe ou en spatule. L’extrémité de la partie visible, qui est presque toujours ornée, est perforée pour permettre la fixation d’une ou plusieurs chaînettes par l’intermédiaire d’une esse ou d’un anneau.
On y suspend le couteau, voire la pelote à épingles. Une femme possède souvent plusieurs crochets correspond chacun à un usage précis.
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Il semble que ce fut souvent un cadeau symbolique du fiancé à son élue mais certaines jeunes filles le possèdent déjà bien avant le mariage et l’on connait de petits exemplaires manifestement destinés aux fillettes qui apprenaient couture et broderie dès le plus jeune âge.
Niort a été incontestablement le lieu de fabrication le plus important du Poitou (…).
Il nous reste à savoir où étaient fabriqués les modèles en fer et surtout ceux dont la forme diffère toujours de ceux en argent. Deux hypothèses semblent devoir être retenues, si l’on écarte à priori et faute de preuve, une fabrication locale que le décor et
les formes, apparemment étrangers à notre région, ne semblent pas pouvoir d’ailleurs étayer :
-une origine normande compte tenu de la fabrication traditionnelle d’objets cuivreux dans cette région, récipients, cuillères, louches et chaudrons.
-une origine auvergnate, les objets parvenant par colportage jusqu’en Poitou.
La très grande majorité des modèles affecte la forme d’un cœur et présente un décor exclusivement floral, gravé au burin, dénotant une incontestable maitrise de ces artisans qui répètent à l’infini les mêmes motifs issus pour la plupart de l’iconographie galante du XVIIIème siècle : corbeille, rose, pensée, nœud de rubans. D’autres empruntent au néoclassicisme la lyre, assez fréquente, mais on rencontre aussi le bouquet de fleurs dans une corbeille ou dans un vase à deux anses, voire la fleur seule et bien plus rarement, une main d’où pendait la chaîne. »*