Pour les nostalgiques : en patois provençal, une enclumette de faucheur se nomme une « aireto » et « aira » dans la vallée du Rhône et « lo cisel » en Auvergne.
La faux est formée d'une longue lame arquée et effilée mesurant de 60 à 90 cm, qui est fixée perpendiculairement sur un manche relativement long (140 à 200 cm). Elle est munie de deux poignées, l'une à mi-hauteur et l'autre à l'extrémité opposée à la lame.
Pour faucher de manière optimum, l’entretien de la lame de la faux est régulièrement nécessaire : il faut d’abord la battre pour tasser le métal puis l’aiguiser pour la rendre coupante.
Après douze heures de fauche, le faucheur doit battre sa faux et toutes les quinze à trente minutes, suivant la résistance des végétaux coupés et la qualité de la lame, le faucheur doit aiguiser sa lame.
Il le fait grâce à une pierre à aiguiser humide conservée dans son étui, le coffin, qui est accroché à sa ceinture.
Cette opération répare les plus fines atteintes au tranchant de la lame et, comme tout aiguisage, enlève une petite partie de métal : c’est ce qu’on appelle l’ébavurage.
Pour cela, il sépare la lame du manche, s’assied, plante son enclumette entre ses jambes, puis avec un marteau sans angle marqué, il bat par petits coups le tranchant de la lame posée sur une enclumette. A noter : l'axe de l'enclumette peut être incliné du côté opposé au batteur pour plus de commodité.
La partie du tranchant à travailler est placée au milieu de la tête de l'enclumette. Le faucheur doit éviter de taper trop souvent au même endroit sinon le tranchant ne reste plus rectiligne et s'il devient trop fin : il peut se fendre. Il ne tape jamais non plus sur le dos de l'enclumette « à vide », c'est à dire sans que la faux soit posée sur son dos, car il risquerait d'abîmer son enclumette.
Cette opération est en fait un « forgeage à froid » destiné à affiner le tranchant, réparer les micro-fissures, combler les trous laissés par les éclats de métal partis. Cette opération modèle le métal sans en enlever. Le battage est fini quand le tranchant de la lame plie sous la pression de l'ongle. Il est toujours suivi d'un nouvel aiguisage à la pierre.
Une faux est bien battue si on ne fait plus la différence entre le bord de l'enclumette et le bord de la faux.
Voici un autre critère d'un bon battage de la lame : on passe l'ongle du pouce sous le rebord de la lame et si la lame ondule, c'est qu'elle est amincie comme une lame de rasoir ! Vous avez alors fait du bon travail !
Après avoir battu la lame, il faut de nouveau l'emmancher sur son manche en bois (de préférence), opération souvent réalisée à l’aide d'un étrier.
Tout l’intérêt de l’enclumette, c’est qu’elle permet un d’affûtage sur le lieu même du fauchage !