Non! Ce gant n’est pas un joujou pour amateur d’armures moyenâgeuses…
Il s'agit un outil ! Ce gant en mailles de fer, dit « gant sabaté » est l'allié indispensable des viticulteurs.
Utilisé dans la seconde moitié du XIXe siècle, cette moufle, tout ou en partie en cotte de maille, permettait aux vignerons d'écorcher les ceps de vigne et ainsi de retirer une bonne partie de l’écorce des pieds de vigne. En effet, c’est sous l’écorce de ces petits arbustes que venaient se loger les larves de la Pyrale, papillon nocif à la vigne.
Si le viticulteur n’agit pas rapidement, ces larves donneront naissance, deux semaines après leur ponte, à de toutes petites chenilles (d’un 1 à 2 mm de long), gourmandes en feuilles.
Une partie de ce gant peut être en cuir, c'est plus confortable pour le vigneron!
A ce stade de croissance, les chenilles ne mangent pas : elles vont s'abriter dans les diverses crevasses du cep, où elles filent de petits cocons grisâtres qui leur permettront de résister aux froids de l'hiver. C'est au printemps qu'elles sortent de leur léthargie, commençant à manger les feuilles et tissant un entrecroisement de fils de soie qui entravent la végétation.
Il a existé et il existe toujours divers moyens de lutte comme la destruction nocturne de ces papillons, à l'aide de pièges lumineux telles que lampes à acétylène mais encore l’écorçage des ceps avec des brosses métalliques ou en badigeonnant d’insecticide les plants. On peut aussi effectuer un clôchage et une sulfurisation pour détruire les larves en les plaçant pendant un certain temps dans du gaz sulfureux.
En 1840, Raclet, un vigneron bourguignon, imagine un nouveau procédé : « l'échaudage » qui consiste à détruire les larves de pyrale avec de l'eau bouillante versée sur les souches. L'eau bouillante est produite dans des chaudières et distribuée sur les souches à l'aide de cafetières, ou par un tube en caoutchouc relié directement à la chaudière… Plus complexe à mettre en œuvre et plus artisanal, quoique respectant tout à fait la nature.
Le gant sabaté est lui aussi un outil qui permet un entretien très respectueux de la vigne, tout à fait dans les tendances « bio » de notre époque. Chouette, voilà donc un objet ancien qui pourrait reprendre du service !