Les moules sont quasiment toujours en bois car le beurre n’adhère pas sur le bois mouillé : le moule était plongé dans l’eau un long moment avant usage. Il en existe cependant quelque-uns en métal.
Il existe une grande diversité de moules à beurre.
Les plus « primitifs » sont réalisés dans un seul morceau de bois, décorés ou non. Ils sont dits « monoxyles » (un seul morceau de bois a servi pour la réalisation du moule, du manche et du fond). Ils peuvent posséder soit une prise ronde au dos soit un manche, qui permettent l’un et l’autre de donner un coup sec pour détacher la motte de beurre du moule.
Les plus nombreux sont ceux qui s’ouvrent grâce à des charnières : ils sont dits à « cadre ouvrant », avec une plaque comportant le motif en guise de fond. Celle-ci est soit fixée au moule soit complètement amovible. Dans ce cas et avec ce type de système qui se démonte totalement, le démoulage et le nettoyage sont facilités.
Les charnières sont soit métalliques et ouvrantes (un loquet permet d'ouvrir et de fermer le moule) soit fixées à l'aide de mortaises amovibles.
Nombre de ces moules sont souvent de forme rectangulaire ou ovales et permettent de réaliser des mottes de mêmes formes. Ils mesurent de 20 à 45 cm de long, en moyenne dans leur totalité.
Certains plus petits s’ouvrent sur les 5 faces, permettant la réalisation d’une petite motte cubique. Dans ce cas précis, les 5 faces sont décorées.
Il en existe sous forme de petits bols, le plus souvent de forme ronde, avec au cul de l’objet, une prise ronde, qui sert à la fois de pied pour le poser et de prise pour retourner le moule et démouler le beurre.
Ce type de moule (monoxyle là encore) est souvent accompagné d’une petite plaque ronde en bois qui permet d’égaliser le niveau de beurre et d’en uniformiser l’aspect.* Il mesure de 15 à 20 cm de diamètre.
Il en existe encore sous forme de palette munies d’un manche et dont l’extrémité s’évase en forme de cuilleron, dans lequel est gravé en profondeur un décor.
Certains moules permettent de réaliser des mottes en ronde bosse. Ces moules sont formés de deux empruntes complémentaires, amovibles, qui permettent de façonner de petits animaux par exemple, type mouton, poule, vache, …, plus spectaculaires et plus rares bien évidemment.
La plaque dans laquelle est insculptée le décor peut être fixe ou mobile. Le décor peut aussi faire partie intégrante du moule, dans le cas d’un moule monoxyle.
Le motif est le plus souvent creux, ce qui fait qu’une fois retourné le motif apparaît sur le dessus et les côtés de la motte, en relief.
Ce dernier, souvent réalisé par le fermier, agit comme une marque de fabrique. Le beurre ainsi marqué était identifiable par tous.
Les bords sont souvent ornés de cannelures mais parfois les parois sont laissées lisses.
Les décors les plus courants sont la vache laitière ainsi que les décors végétalisés de fleurs des champs (libres, en pot, en bouquet), de chardons, d’épis de blé, de rameaux fleuris, de pampres (symbole d’abondance et de fécondité) ou de corne d’abondance.
Pour ce qui est des décors animaliers, vous rencontrez des chamois, des vaches, des poissons, des oiseaux (branchés ou non) et quelques rares animaux grotesques ou fabuleux.
Il se trouve aussi certains moules très richement décorés : ils sont armoriés, dotés de signes distinctifs familiaux, de noms, de monogrammes, de phrases prophétiques ou proverbes.
Vous pourrez aussi découvrir des vues : chalet, montagne, ferme, village, …
Et plus rarement, vous rencontrerez des personnages, des scènes animées ou de genre.
Certains portent des décors religieux : poisson, monogramme « INRI » ou « IHS », ostensoir, monstrance, croix, …
De nombreux décors revêtent un aspect symbolique, prophilactiques ou apotropaïques qu’il est important de savoir identifier : la rosace, l’arbre de vie, le pentacle, le cœur, …
Bref, vous l’aurez compris, il existe une infinie variété de motifs décoratifs et c’est ce qui en fait un objet hautement collectionnable et de facto hautement collectionné !
N’oubliez pas que le beurre fût autrefois un aliment précieux. C’est pour cela que les objets qui y sont liés sont si joliment travaillés.
Un moule à beurre en hêtre est idéal pour former de belles mottes de beurre régulières, mais de nombreux autres bois furent employés tels que le tilleul, l’érable, le pin, le pommier, le poirier, … à l’exception du chêne et du noyer, dont les forts tannins ne sont généralement incompatibles avec un usage alimentaire. Cependant, dans le domaine de l’art populaire, il ne faut jamais dire jamais…
Attention à ne pas confondre moule à beurre et marque à beurre qui sont deux objets différents.
Pour en savoir plus sur la fabrication du beurre, consultez l’article sur les barattes.
Un bon livre à avoir dans la bibliothèque : "Marque ton pain et fleuris ton beurre" par Jacques Chatelain
*Le beurre était inséré dans le moule à l’aide d’une cuillère en bois et mis à niveau grâce à la tape à beurre.