Avant d’être façonné en petits rectangles ou en petits cubes, le sucre se présentait sous la forme de gros pain conique de 1 à 3 kilos, emballé dans un papier gras ou dans du journal.
Cette pince avec son étrange forme servait à fendre, casser et débiter le sucre, afin de le vendre et de le consommer en petite quantité.
Il semblerait que cela soit au XIVème siècle que le pain de sucre ait été inventé par les vénitiens.
C’est au même moment que la pince à sucre entre en jeu, car le sucre se vendait au poids. Moulé en cône, il fallait le concasser avec un pic, un marteau, une hache ou une pince avant de le consommer.
La pince à casser le sucre possède la même forme qu’une paire de ciseaux, à cette différence près, que l'extrémité est constituée de deux demis hachoirs effilés, lisses ou crantés, qui viennent se rejoindre et se toucher lorsque la pince est refermée.
L’ouverture de la pince peut être bloquée à la base des deux prises par un petit loquet à encastrement, issu d’un manche et s’encastrant dans l’autre manche.
Elles sont en fer forgé pour les plus anciennes.
Une pince à casser le sucre mesure de 18 à 25 cm de long, en moyenne.
Il existe un autre modèle doté d'extrémités en forme de pics et de très beaux modèles de comptoir, avec un socle en bois.
Comme souvent c'est un objet usuel qui nous amène à expliquer une petite expression « bien de chez nous » : « Casser du sucre sur le dos de quelqu'un », qui se traduit aujourd’hui par « dire du mal de quelqu'un en son absence ».
Cette expression semble dater des années 1860-1870.
Au XVIIème siècle et en argot, « sucrer » signifiait « maltraiter » et « se sucrer de quelqu’un » revenait à prendre quelqu'un pour un idiot.
Le sucre, à l'époque, était un condiment rare et cher.
« Se sucrer de quelqu'un » entretenait une petite notion d'arnaque et par extension, prendre ce quelqu'un pour une andouille.
Il est donc aussi possible de supposer que le sucre donnait un vrai plaisir gustatif à celui qui le consommait comme, par extension, le plaisir que prennent certaines personnes à dire des méchancetés sur quelqu'un qui n'est pas là...