L'homme s'adossait à sa schlitte et s'accrochait aux patins. Celui-ci devait contrôler sa vitesse en bloquant ses pieds sur les rondins transversaux fixant les rails de bois au sol, tout en retenant la lourde schlitte par son dos.
Puis, il descendait son traineau, en le retenant, rondin par rondin, le long du chemin. Le plus difficile était de retenir le traîneau dans les pentes vertigineuses. Beaucoup y ont laissé leur vie car un grand nombre d’accidents sont arrivés et de nombreux schlitteurs sont morts écrasés sous le poids de leur traineau. D’ailleurs, selon l'expression populaire dans les Vosges: « La schlitte tue l'homme en montant et l'achève en descendant ». Ce dicton témoigne du caractère harassant de la tâche.
Les schlittes sont toujours fabriquées en hêtre ou en frêne, ce qui leur confère une armature légère et assez souple. Une telle luge pèse entre 25 et 30kg, vides. Chargées, elles peuvent peser jusqu'à 3 tonnes. Une grande schlitte mesure au moins la taille d’un homme.
La partie avant de la schlitte s’appelle la « chèvre ».Celle-ci peut être dotée éventuellement une partie médiane, pour l’allonger et enfin la « fin de traîne » s’appelle le « bouc ».Cette partie est stratégique car correctement chargée, elle surélève l’avant de la schlitte et la faisait glisser sur ses patins.
Bûcherons et schlitteurs montaient ensemble sur les lieux de travail. Les schlitteurs portaient leur schlitte, lesarquebouts de devant dans les mains et les épaules supportant le premier plat ou barreau, le dispositif de support étant plaqué dans le dos, à l’envers.
Avec ce bois descendu des forêts des Vosges, les hommes faisaient des charpentes, des meubles, du charbon aussi.
Pour être totalement précise, il faut ajouter qu’en montagne, chaque maison possédait un panel de schlittes en bois, confectionnées et réparées à la maison.
En été comme en hiver, sur les prés fragiles, les chemins de terre étroits et les versants en pente, la grande schlitte sur laquelle se plaçaient différents supports en bois adaptables permettait de faire glisser d’autres charges, telles que le fourrage, des charges de terre, de fumier, de menues charges de bois ou toute autre grosse marchandise, encombrante.
Certaines schlittes étaient conçues en deux ou trois parties pour transporter des corps allongés, mais aussi des grumes de 10 à 13 mètres ou plusieurs poteaux ficelés, par exemple. Dans ce cas, ils étaient deux à retenir la charge : un à la chèvre, l'autre au bouc. Enfin, sans nécessiter de dénivellement, des schlittes de tailles moyennes, parfois aussi en deux parties, pouvaient servir de traîneau afin qu'un homme ou un animal, fréquemment un chien si la charge était faible, puisse tirer une charge sur un parcours boueux, enneigé ou verglacé. Les montagnards transportaient par ce moyen et par temps hivernaux, leur mort à la cérémonie d'enterrement.
Les petites schlittes permettaient aux enfants et aux adultes de dévaler rapidement les pentes verglacées. Nettement plus ludique !
MUSEE DE LA SCHLITTE ET DES METIERS DU BOIS
Berceau du schlittage (transport des grumes et du bois de feu sur traîneaux), la vallée de Munster se devait d'honorer ses ancêtres. Le musée invite à découvrir le travail de la forêt et le transport du bois. Il expose également des outils de métiers oubliés : cuvelier, sabotier...
11 rue de la Gare
68380
Muhlbach sur Munster
Tel : +33 (0)3.89.77.61.08
Ouverture :
de juillet à début septembre tous les jours de 15 h à 18 h
le reste de l’année sur rendez-vous pour groupes de plus de 20 personnes
Email : mairie-de-muhlbach-munster(arobase)wanadoo.fr
http://www.musees-alsace.org/Pages/Fiche.php?NumMusee=269000025&Langue=Fr
LIVRES ET OUVRAGES
-Jean-Louis Boithias et Marc Brignon, Les Scieries et les anciens sagards des Vosges : bûcherons, schlitteurs, voituriers et voileurs, Créer, Nonette, 1985, 254 p.
-« Schlitteurs et débardeurs », in La forêt en Moselle : XIVe-XXe siècles, Archives départementales de la Moselle, 1998, p. 196-197 (ISBN 9782860570299)
-Les Bûcherons et les schlitteurs des Vosges (quarante dessins originaux par Théophile Schuler, texte par Alfred Michiels, Berger-Levrault, Paris, éd. 1878)
Dans le film « Les grandes gueules » de Robert Enrico, tourné dans les Vosges, on peut voir une scène de descente à la Schlitte (particulièrement périlleuse)...