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Sophie Sesmat,
spécialiste en arts
et traditions populaires
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Tambour de dentellière

Objets pour les dames
Tambour de dentellière, visible sur les deux faces, photo Ferri, commissaire-priseur
Cet objet qui semble curieux de prime abord, est en fait un support pour confectionner de la dentelle. En d’autres termes, c’est un métier à dentelle. Ainsi il est appelé « tambour à dentelle » et « métier à dentelle » mais son nom le plus courant est « tambour de dentellière ».
Il mesure en moyenne 25 cm de diamètre.
 
Il se présente sous la forme d’un cylindre, avec deux joues circulaires en bois, généralement fort joliment décorées. Sur la tranche, vous verrez une plus ou moins large surface rembourrée de foin et couverte d’étoffe de serge.
Au milieu d’une des deux joues, se trouve un portillon, qui ouvre sur une cavité intérieure et qui permettait de ranger astucieusement les fuseaux.
Sur la surface rembourrée, qui est l’espace de travail, est disposé le carton* qui constitue le patron, dessiné par des perforations dans lesquelles sont piquées les épingles à dentelle, à tête ronde et de couleurs variées. C’est sur cette partie que l’ouvrière bâtissait sa dentelle, les épingles servant de guide.
Les tambours de dentellières sont réalisés en mélèze ou en pin cembro. Sur certains tambours, vous constaterez l’ajout d’autres matières telles que le buis teint, le cuir, la corne, le fer.
 
Les tambours de dentellière sont connus pour être des chefs d’œuvre de la sculpture paysanne du Dauphiné et du Queyras, toujours de fabrication artisanale et domestique.
Les deux faces extérieure des joues du tambour sont sculptées et généralement de manière admirable. L’intérieur du portillon peut aussi être orné de motifs décoratifs.
Ce qui est remarquable, c’est la grande variété des compositions, ainsi que le goût et l’habilité des sculpteurs, car la décoration est toujours parfaitement adaptée à la forme de l’objet.
Les motifs sont des rosaces inspirées du Gothique, des rinceaux de type Renaissance, des motifs géométriques, des rosaces, des rouelles, des motifs végétaux dépouillés dans l’esprit du XVIIIème siècle, des croix, des zig-zags, des festons, des lentilles, des noms, des initiales, des dates, parfois gravés mais le plus souvent sculptés à l'opinel.
Les tambours sont souvent dédicacés : « fait pour … » et beaucoup de ces métiers portent une date, des noms féminins et des monogrammes. Et oui, c’est donc évident, les tambours étaient autrefois des présents d’amour.
Les décors du Queyras sont les plus fins, les plus riches et de ce fait, les plus recherchés évidemment.
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L’age d’or des ces tambours se situe entre 1720 et 1789.
Les plus anciens datent de 1650 et les plus décorés datent de 1720 à 1789.
Au début du XIXème siècle, le style est moins soigné.
Dès 1830, c’est la décadence même si il est possible de rencontrer encore de beaux exemplaires de style Louis XVI.
 
Chose curieuse, presque tous ces tambours viennent de la vallée du Queyras. L'objet a connu une faible dispersion autour du Queyras.
Cette localisation s’explique peut être par le fait que les protestants du Queyras, traqués chez eux, émigrèrent en Suisse à partir de 1720, et qui en revenant, rapportèrent les beaux modèles de bois sculptés que l’on trouve à la même époque aux environs de Sion et dans le Valais.
Il existe aussi des tambours dans les vallées italiennes, dites « vallées cédées », de Pontechianale et de Casteldelphino, au-delà du col de Saint Véran.
Ils se différencient de ceux provenant du Queyras par une ornementation plus chargée et donc d'aspect plus confuse.
 
Le fil utilisé était principalement du chanvre (cultivé dans la région), du lin importé d'Italie, plus rarement en soie animale (soie de porc). Cette dentelle était très solide. Elle était exclusivement montée sur le bord des coiffes.
Elle serait apparue dans le Queyras vers 1650 et pratiquement disparue vers 1825 (selon les historiens).
Dans les régions pauvres des montagnes de Savoie, la dentelle était faite avec du crin de cheval, résistant et long.
 
Le tambour peut être monté sur un support spécial posé au sol : le porte-tambour de dentellière. Il s’agit d’un support de formes diverses permettant d'élever le tambour de la dentellière à hauteur de travail (soit 60 cm environ), la dentellière étant assise devant sur une chaise basse.
Il peut être constitué soit d'un montant sur patin (en croix ou circulaire) portant un demi-cylindre couché, une petite coupelle ovale, une croix concave ou une simple traverse, soit d'un cadre de bois monté sur pied dans lequel se glisse et se bloque le tambour, parfois à l'aide de vis, soit encore d'une sorte de tabouret à trois pieds, à dessus légèrement creusé d'une cavité à fond plat, en portion de cylindre ou de sphère, parfois complété par des taquets latéraux.
 
Les fuseaux sont taillés simplement dans une branche de pin ou dans du buis tourné. Ils peuvent être aussi richement sculptés de cannelures, de stries, de cercles, ...
 
*Information contradictoire : Comme je n’ai pas trouvé de deux sources identiques et de confirmation pour l’une ou pour l’autre, je vous donne les deux informations trouvées. « Comme pour la dentelle de Tignes, la dentelle du Queyras est travaillée sans carton. Les modèles étaient transmis par l'exemple et la pratique.
Les épingles n'étaient utilisées que sur les bords de la dentelle. Les points formant le dessin et le réseau étaient retenus de mémoire. »

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