Dès le XVIIIème siècle et dans les sociétés rurales traditionnelles, les tirelires sont en terre cuite émaillée ou peinte. Leurs formes sont d’abord assez primitives, possédant les mêmes caractéristiques que les tirelires romaines : sphériques ou piriformes, avec un petit bouchon sommital.
Elles évolueront pour devenir plus sophistiquées. Les potiers vont alors représenter des sujets qu’ils côtoient au quotidien, comme des chiens, des chats, des lapins, des oies, des canards, des pigeons et le fameux cochon, animal était considéré comme « une tirelire sur pattes » car éminent signe de richesse. Autre signe de prospérité chez les paysans : la poule pondeuse, souvent représentée sur un nid, couvant ses œufs.
La bourgeoisie accède à la tirelire seulement à partir de 1840, grâce à la révolution industrielle. Celle-ci permet une large démocratisation de nombreux objets, dont la tirelire qui devient un produit de consommation courante. Elles s’achètent dès lors dans les grands magasins et sont réalisées en grande série.
Désormais, la tirelire, qui est entrée dans tous les foyers de France, est considérée comme un jouet éducatif destiné à inculquer le sens de l'économie et de l'épargne aux enfants.
En effet, pour atteindre le butin patiemment accumulé, il fallait casser la tirelire et donc avoir un motif valable ou à défaut avoir bien réfléchi à l’usage qui allait être fait de l’épargne mise de côté.
Aujourd’hui, par soucis de réemploi de l’objet, nos industriels ont ajouté un petit opercule en plastique sous la tirelire, pour pouvoir récupérer l’argent et réutiliser la tirelire.
Le XIXème siècle est l'âge d'or de la tirelire. Les plus belles tirelires sont produites à cette période. Elles sont souvent en barbotine. Beaucoup d'autres matériaux moins nobles sont aussi employés à cette époque, comme le plâtre peint, le carton, le métal, la fonte émaillée, le bois et le plastique, qui rendirent les tirelires peu chères, servant ainsi de lots dans les foires.
Les formes se diversifient : des maisons, des meubles, des objets de la vie quotidienne, des bourses, des porte-monnaie, des troncs, des barils ou des coffres mais aussi des personnages célèbres et de nombreux animaux exotiques. Les tirelires sont toujours principalement en céramique et doivent toujours être cassées.
La figure de l’ours se développe car il est symbole de prévoyance, accumulant de la graisse pour l'hiver. L'éléphant, quant à lui, apporte puissance et richesse à son propriétaire.
A cette même époque, en Amérique du nord, les tirelires en fonte et à mécanisme sont très à la mode. Ce sont les premières à posséder un bouchon qui permet de retirer l’argent économisé : ça serait bien trop dangereux de tenter de casser une tirelire en fonte… Elles furent tellement recherchées, qu’aujourd’hui, sur le marché, il existe plus de fausses tirelires en fonte que de vraies !
Au début du XXème siècle, les tirelires, objets désormais ludiques et très variés, deviennent des articles d'exportation, que l’on achète ou que l’on offre volontiers. C’étaient par ailleurs d’excellents souvenirs de voyage.
Véritables révélateurs des mœurs de l’époque par leurs décors, elles mettent en avant les évolutions techniques (paquebot, voiture, poste de TSF, télévision, …), les régionalismes exacerbés avec de jolies bretonnes, des alsaciennes, des cornemuses, des têtes de marin, ... les sports en vogue (cyclistes, les J.O, par exemple), les personnages célèbres de l’époque, … Ces objets, souvent monochromes, étaient fabriqués en grandes séries, restant ainsi abordables, mais de facture peu soignée. Il existe des séries de sujets identiques, dont seules les couleurs, monochromes ou polychromes, varient.
Les tirelires deviennent des supports de choix pour la publicité. L’arrivée des dessins animés et des bandes dessinées, dans les années 30 permet à de nombreuses manufactures telles qu’Onnaing et Desvres de s'inspirer de Walt Disney. L’humour est aussi au rendez-vous, avec des caricatures, entre autre.
Les faïenceries font preuve de beaucoup d'originalité pour diversifier leur production et proposer de nouvelles formes comme des chaussures, des fruits et des légumes.
La fabrication des tirelires s'essouffle peu après la Première Guerre Mondiale et s'éteint presque totalement dès les années 1950. La céramique n'est presque plus utilisée. L'avènement des grandes séries industrielles plongent ces objets dans l'univers du périssable. Les motifs s'appauvrissent et les formes très simples sont créées en plastique ou en fer blanc.
Aujourd’hui, le modèle le plus courant est bien évidement celui du petit cochon.
Ceci nous amène simplement à parler de ce type de tirelire, vraiment à part.
Le cochon-tirelire fut autrefois très utilisé par les enfants dans les pays de culture anglo-saxonne, avant de se diffuser partout en Europe et dans le monde.
Cette forme de tirelire est « historique », car c’est le modèle le plus ancien existant, à priori.
Elle semble avoir deux histoires distinctes qui se rejoignent :
-En Chine, en raison de sa rondeur, le cochon est le symbole de l’opulence. Avec une tirelire en forme de cochon, on ne peut qu’amasser naturellement des richesses. C'est d’ailleurs l’une des caractéristiques que l'on donne au signe du porc dans l'astrologie chinoise. L’objet est appelé « puman » littéralement : « frapper-plein », d’où le fait d’avoir à la casser pour récupérer le précieux contenu.
On sait également que les tirelires en forme de cochon existaient sous la dynastie Song (960 – 1279).
-En Grande-Bretagne, son nom est dérivé du moyen anglais « pygg » qui signifie « argile », matière dans laquelle est faite cette tirelire. Cette argile était utilisée dans la production de plusieurs objets, dont des bocaux et vases. Autrefois, les paysans gardaient leur argent dans des récipients de cuisine faits de ce genre d'argile. Ces fameux récipients seront par la suite appelés « pygg jars ». Au XVIIIème siècle, l'orthographe de « pygg » change ainsi que l’objet qui y est associé, devenant alors « pig bank », popularisé en « piggy banks » car surtout utilisés par les enfants. La figure du cochon est sympathique pour tout le monde.
Une fois le nom associé à la forme et non à la matière dans laquelle elle est faite, ont été fabriquées les « piggy banks » de verre, de plâtre, de plastique, en fonte de fer, d’aluminium, …
Selon une autre théorie, le nom « piggy bank » viendrait peut-être du monde agricole.
L'argent donné au « piggy bank » représenterait symboliquement les vivres donnés par l'éleveur au cochon : il dépense forcément de l'argent pour engraisser sa bête, argent qu'il ne se verra remboursé qu'une fois le cochon tué pour sa viande (représenté à nouveau symboliquement par le moment où l'enfant casse le « piggy bank »).
En France, dans la région PACA, une tradition ancestrale plutôt répandue, consistait à utiliser l'appétit naturel des cochons afin de leur faire ingurgiter de petits sacs d'or. Les paysans avaient pour habitude de cacher leurs économies de cette manière afin de se protéger des impôts. Les propriétaires ouvraient ensuite leur porc pour récupérer l'argent. J’ai essayé de vérifier cette tradition, mais je n’ai rien trouvé qui confirme ces écrits, alors, c’est à prendre avec des pincettes…
Voilà la belle histoire de la tirelire !
Heureusement, il reste aujourd’hui de très nombreuses tirelires anciennes qui ont survécu, pour le plus grand plaisir des collectionneurs. La large gamme de prix, souvent relativement abordables, permet à tous les mordus de se faire plaisir et de compléter facilement leur collection.
LES TIRELIRES EN PHOTO CI-APRES NE SONT PAS EN VENTE.
ELLESS ILLUSTRENT UNIQUEMENT L'ARTICLE.
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