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Sophie Sesmat,
spécialiste en arts
et traditions populaires
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Verre à absinthe

Objets du vin et de l'alcool
Femme au verre d'absinthe, peinture XIXème, photo Auction.fr
Les amateurs de verres anciens ne peuvent pas passer à côté de ces verres si particuliers et si reconnaissables.
La « fée verte », autre nom de l’absinthe, connut en enthousiasme débordant et son arrêt net la rendit furieusement enviable et recherchée. Les produits qui permettaient de la consommer sont aujourd’hui très prisés : cuillère ou pelle à absinthe, verre, fontaine, bouteille goutte à goutte, …
 
Sachez que de 36 millions de litres d'absinthe fabriqués en 1915, on passa à RIEN, plus une goutte en 1916. L’absinthe rendait fou, causait de nombreux troubles à l’ordre public, des délires, des suicides, … Elle fut donc bannie de la consommation, purement et simplement interdite.
Elle avait cependant fait les beaux jours des débits de boissons dans les années 1870, alors que son prix commençait à baisser.
Issue d’une recette de rebouteuse suisse, la boisson était alors diffusée par Pernod.
 
La consommation de l’absinthe est basée sur un rituel.
Non, non, non,  personne ne verse, comme un assoiffé, sa rasade dans son verre, inondée d’eau, en y plongeant un sucre. Un peu d’élégance, ce n’est pas un vulgaire pastis!
Il faut d’abord un verre, un sucre, une cuillère ou pelle. On verse la dose d’absinthe dans le réservoir ou jusqu’à la marque gravée, puis il faut poser la cuillère à cheval sur le verre et y placer le sucre.
Il faut alors prendre son temps car on verse, en goutte à goutte, l’eau sur le sucre qui vient alors se mélanger à l’alcool. L’absinthe, si joliment verte, devient alors trouble.
La manière de préparer l'absinthe joue un rôle capital dans son goût final car elle permet aux arômes des plantes de se libérer et de prendre de l'ampleur.
 
Les verres à absinthe anciens sont aujourd’hui très prisés.
 
Voici un rapide portrait, qui s’applique à l’ensemble de ces contenants :
-une large ouverture
-un réservoir juste au-dessus du pied
-une ligne gravée, si pas de réservoir, qui permet d’indiquer la dose d’absinthe à verser (système utilisé surtout dans l'est de la France)
-un pied
-un contenant en verre épais, parfois en cristal (Portieux, Meisenthal)
-peut porter une marque publicitaire, gravée à la surface du verre
-est souvent confondu avec un verre de bistrot, à cause de l’épaisseur du verre et de son poids
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Il existe aujourd’hui 3 types de verres référencés et plusieurs types de décors.
 
1-Les verres avec réservoirs ou traits marquant la mesure pour une dose d'absinthe.
Le verre à réservoir « Pontarlier » était le plus courant.
Dans cette famille, on trouve le verre dit « cordon », qui tient son nom de l’anneau autour du verre, le « cordon », qui sert à délimiter la dose à verser. 
On trouve aussi le verre à réservoir, très rares, datant des années 1920 et provenant du Danemark. Ces verres peuvent encore posséder leur brouilleur d’origine, très souvent disparu car les consommateurs de l'époque n'en voyaient pas d’intérêt.
Certains verres de cette catégorie sont fait d’ouraline vert citron et deviennent vert fluo à lumière ultra violette, à cause par la présence de dioxyde d'uranium.
 
2-Les verres à bulle
Ce sont les plus rares des verres à absinthe. Ils étaient soufflés à la main, ce qui implique une production artisanale donc à petite échelle. Ces verres furent fabriqués entre les années 
1880 et 1890.
Il est très probablement qu’à cause du nettoyage problématique du réservoir, ils ne rencontrèrent qu’une petite notoriété. En effet, dans la plupart des cas, l'entrée du réservoir n'est large que de quelques millimètres. En outre, il faut ajouter qu’ils étaient lourds car très épais : il faut, pour vous donner une idée, compter pour un verre de 18 cm un poids de plus de 500 grammes !
Ils ne furent jamais très populaires et semblent avoir été abandonnés au début du XXème siècle.
 
3- Les verres « Tarragone »
Ils sont considérés comme les plus élégants et les plus raffinés des verres à absinthe.
Ils pouvaient être accompagnés d’un brouilleur assorti.
Ces verres sont en cristal et possèdent une spécificité : ils sont dédiés au service de l’absinthe en Espagne, après l’interdiction de la Fée Verte en France.
Le nom « Tarragone » provient du lieu où Pernod Fils a continué à distiller de l’absinthe jusque dans les années 1960. Mais les verreries elles-mêmes se trouvaient à Barcelone, avec notamment la très célèbre « Cristallerias » San Miguel.
 
Il existe aujourd’hui de très belles rééditions de verres à absinthe, en verre et en cristal. Mais les collectionneurs ne s’y trompent pas. Ceux qu’ils recherchent sont uniquement anciens.
 
Pour finir et pour rendre à César ce qui appartient à César, il faut dire qu’il existe un site internet superbement fait sur le sujet de l’absinthe et qui traite très bien du verre à absinthe et du monde gravitant autour de cette « terrible » boisson.
www.museeabsinthe.com
 
Autre source : « les objets du bistrot », Théo Fraisse, John Victor, édition De Borée, collection « mémoire du temps », 2012

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